
Chères lectrices, chers lecteurs,
Depuis presque 30 ans que je suis rédacteur en chef de Réalités en Gynécologie-Obstétrique, j’ai essayé de vous offrir, dans chaque numéro, des dossiers, des articles, des mises au point qui ont suivi l’actualité de notre spécialité. De nombreux progrès ont marqué cette période, d’autres sont en émergence. Le Dr Clémence Delcour va désormais prendre le relais. Son parcours professionnel et son dynamisme sont autant d’atouts qui, j’en suis persuadé, pérenniseront la qualité et le succès de Réalités en Gynécologie-Obstétrique.

Écrivons un nouveau chapitre dans l’histoire de Réalités en Gynécologie-Obstétrique
L’histoire de Réalités en Gynécologie-Obstétrique et de Performances Médicales, la société éditrice, est avant tout celle d’une vision, portée par Richard Niddam, cardiologue de formation, qui a su conjuguer expertise médicale et excellence éditoriale. Fondée en 1990, Performances Médicales s’est rapidement imposée comme un acteur clé dans la presse et la communication médicales.

Faire du sport enceinte
Enceinte, la future maman souhaite adopter de saines habitudes de vie, pour se sentir bien et favoriser, autant que possible, le bon développement du bébé. C’est une période propice à la mise en place de “bonnes résolutions” alimentaires, sportives, psychologiques et, dans cette logique, l’activité sportive a toute sa place. Mais la future mère est souvent perdue entre les injonctions contradictoires : se reposer, rester active… En nous fondant sur de récentes publications scientifiques, rappelons les bénéfices, les contre-indications (absolues et relatives) et les conseils à donner aux femmes enceintes (notamment sur la course à pied). Nous verrons dans quel contexte orienter la femme enceinte vers un kinésithérapeute.

Le périnée et le corps après un accouchement
Les troubles pelvi-périnéaux sont des problèmes de santé courants, principalement liés à l’accouchement vaginal, à la chirurgie pelvienne, aux tensions chroniques et au vieillissement.
La grossesse et plus particulièrement l’accouchement par voie vaginale ont des répercussions négatives sur les fonctions du plancher pelvien pour près des 2/3 des femmes. Outre la pathologie pelvi-périnéale, d’autres dysfonctionnements doivent également être pris en considération, les plus fréquents étant les douleurs génito-pelviennes ou les troubles musculosquelettiques (fig. 1). La grossesse déclenche aussi un large éventail de changements dans le corps de la femme.

Sérologies pendant la grossesse : mode d’emploi
Pour les infections virales aiguës, le plus souvent asymptomatiques, le diagnostic repose sur la sérologie. En présence d’IgM et/ou en cas de séroconversion, le recours à la mesure de l’avidité des IgG spécifiques, à la PCR sanguine et à l’étude comparative des sérums antérieurs et/ou ultérieurs est indispensable pour préciser, éventuellement, le caractère post-conceptionnel de l’infection.
Les indications à un contrôle sérologique sont très restreintes. Pour les infections généralement symptomatiques, la recherche de l’ADN/ARN viral dans les lésions ou le sang est préconisée au plus tôt après l’apparition des signes cliniques maternels. Les indications de la sérologie dans ces situations sont soit très restreintes, soit nulles. Pour les infections virales chroniques, l’interprétation des sérologies ne diffère pas en raison de la grossesse, mais des contrôles sérologiques des femmes séronégatives ayant des facteurs de risque doivent être effectués.

Traitement hormonal de l’endométriose douloureuse
L’endométriose est une pathologie très fréquente chez les femmes en âge de procréer.
Outre la question de la fertilité, c’est la prise en charge des symptômes douloureux qui devra guider les propositions de soins, axées autour des thérapeutiques antalgiques médicamenteuses ou non médicamenteuses, des traitements hormonaux et de la prise en charge chirurgicale.
Le choix du traitement hormonal sera fonction des antécédents personnels et familiaux de la patiente ainsi que de son souhait. En première intention, une contraception œstroprogestative (pilule, anneau ou patch) ou un traitement progestatif (contraception orale par désogestrel, implant à l’étonogestrel, dispositif intra utérin au lévonorgestrel ou diénogest) pourront être proposés.
En seconde intention, en cas d’échec des traitements de première ligne, pourra être discutée l’utilisation d’analogues de la GnRH (associés à une add-back therapy combinée si utilisation prolongée) ou de macroprogestatifs (après informations orale et écrite de la patiente et surveillance par imagerie cérébrale si utilisation prolongée).
Les antagonistes de la GnRH seront probablement disponibles prochainement sur le marché français et permettront ainsi d’élargir l’arsenal thérapeutique de cette pathologie gynécologique.

Vaccination dirigée contre les HPV : mise au point
Les papillomavirus humains du genre alpha (α-HPV) oncogènes sont impliqués dans les cancers anogénitaux et ORL avec une fréquence variable selon les sites anatomiques : 99,9 % des cancers du col de l’utérus, 90 % des cancers de l’anus, 50 % des cancers du pénis, 30 % des cancers de l’oropharynx et 40 % des cancers de la vulve.
En France, deux vaccins sont disponibles : une vaccin nonavalent (Gardasil 9) et un bivalent (Cervarix), avec une recommandation claire pour l’utilisation du vaccin nonavalent en raison de sa couverture plus large. L’âge idéal pour vacciner se situe entre 11 et 14 ans, pour les filles comme pour les garçons, mais en l’absence de vaccination, l’adolescent peut tout de même bénéficier de ce vaccin jusqu’à l’âge de 19 ans. Un rattrapage vaccinal est aussi prévu pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à 26 ans, bien que la communauté médicale plaide pour une généralisation de cette extension d’âge à toute la population sans distinction de sexe ni d’orientation sexuelle.

Insuffisance ovarienne prématurée : de nouvelles prises en charge
: L’insuffisance ovarienne prématurée (IOP) est une condition rare caractérisée par une réduction accélérée du nombre de follicules avant l’âge de 40 ans, entraînant des troubles menstruels et des déséquilibres hormonaux. Elle doit être distinguée du syndrome de diminution de la réserve ovarienne (DRO), qui concerne des femmes ayant des cycles réguliers mais une fertilité diminuée. Les causes de l’IOP peuvent être génétiques ou auto-immunes.
Les patientes atteintes d’IOP doivent recevoir un traitement hormonal substitutif (THS) pour gérer les symptômes et les risques associés. Des approches expérimentales pour rajeunir l’ovaire, telles que l’injection de PRP, la technique OFFA ou celle d’ASCOT, sont en cours d’évaluation, mais leur efficacité reste à confirmer.
En France, des plateformes nationales réalisent des analyses génomiques pour identifier les causes de l’IOP et les options de traitement les plus adaptées. Ces efforts sont soutenus par le Plan France Médecine Génomique 2025, qui vise à intégrer la médecine génomique dans le parcours de soins et à favoriser la recherche et l’innovation dans ce domaine.

Anatomie morale de la grossophobie
La forte progression de l’obésité dans les pays occidentaux s’accompagne d’une grossophobie décomplexée qui fait rage sur les réseaux sociaux. Pourquoi un tel acharnement à l’égard de personnes qui sont les premières à souffrir dans leur chair de cette condition peu enviable ? De quoi la grossophobie est-elle le nom ? Que recouvre-t-elle exactement ?
Les témoignages, de plus en plus nombreux, de femmes victimes de cette discrimination ordinaire liée au poids révèlent une très vive douleur, une blessure narcissique béante. La stigmatisation sociale est, dans ce cas, intériorisée et peut se transformer en haine de soi. Les représentations jouent en effet un rôle capital. Le courant récent de body positivity a bien tenté de les modifier, mais, en clamant haut et fort la fierté d’être gros, il nourrit la grossophobie qu’il entend combattre.

Nausées et vomissements gravidiques en 2024. Enquête miroir auprès des patientes et des professionnels de santé
Les nausées et vomissements gravidiques sévères constituent la première cause d’hospitalisation au premier trimestre de la grossesse. Toutefois, ils ne sont pas systématiquement pris en charge. L’étude NAVIGA vise à évaluer par deux questionnaires distincts les pratiques de prise en soins des NVG par les professionnels de santé d’une part et le vécu par les patientes d’autre part. Les résultats montrent que 69 % des patientes souffrent de NVG, affectant leur qualité de vie (fatigue, inconfort vis-à-vis des odeurs, difficultés d’alimentation). Ces différents aspects de la qualité de vie sont considérés à leur juste valeur par les professionnels de santé, qui proposent une prise en soins quasi systématiquement à leurs patientes. Toutefois, celle-ci peut être optimisée et effectuée de manière plus précoce : seulement 20 % des répondants prennent en charge les NVG dès les signes avant-coureurs quand 65 % attendent l’apparition des premiers symptômes. L’étude NAVIGA souligne également la nécessité d’améliorer la prise en soins des NVG notamment en termes d’évaluation de la sévérité, mais aussi de connaissance des méthodes médicamenteuses et non médicamenteuses, d’information aux patientes et de comportement en consultation.